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QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE NOIR ET BLANC ?

Le noir et blanc tient une place majeure dans l’histoire de la photographie. Mais pourquoi un tel engouement pour la photographie noir et blanc ?

Le noir et blanc tient une place majeure dans l’histoire de la photographie pour une raison évidente : il a longtemps été la seule technique disponible.

Dans l’histoire de la photographie, l’art et la technique sont indissociables.

Longtemps limité, l’art photographique ne pouvait se concevoir autrement que par cette absence de couleurs. Notre vision étant en couleur, le noir et blanc est un langage qui relève de l’interprétation.

L’arrivée successive des films couleur et du numérique ont fortement impacté le monde de la photographie, mais ont dans le même temps redynamisé la pratique.

Nous le voyons aussi au quotidien dans notre labo, où un nombre croissant de photographes amateurs et professionnels s’intéresse aux possibilités de ce support.

Mais pourquoi un tel engouement ?

Sans apporter de réponse définitive à une pratique qui questionne depuis des décennies, cet article est l’occasion pour nous de se poser une question simple : qu’est-ce que la photographie noir et blanc ?

POURQUOI PRENDRE UNE PHOTO EN NOIR ET BLANC ?

Photographier en couleur ou en noir et blanc ?

Le noir et blanc tient une place particulière dans notre société. L’univers humain étant en couleur, le noir et blanc n’est pas une vision naturelle. Partant de ce principe, on ne peut espérer une représentation réaliste de la scène photographiée.

Et certains profitent de ce rapport de force pour s’en émanciper.

Si pour certaines scènes la couleur est cruciale (coucher de soleil, carnaval, etc.), d’autres sont en revanche plus propice à du noir et blanc. Quand l’image se dépouille des sensations induites par la couleur, elle cède la place à d’autres émotions.

Libérée de la couleur, la photographie donne une place singulière aux lignes, aux textures, aux détails. Un sujet banal peut délivrer des rendus intéressants, par la focalisation qui s’opère sur les contrastes, les textures, les irrégularités.

L’absence de couleur favorise les rendus graphiques ou épurés à l’extrême et elle autorise un haut niveau d’abstraction, au point qu’une photo peut n’être qu’un jeu de lignes, de courbes, de motifs.

La composition, l’exposition, et la recherche d’ingrédients favorables au noir et blanc exigent une attention accrue.

Photo de rue, paysages, portraits, photographie animalière, le choix de la couleur ou du noir et blanc ne dépend pas du genre photographique, mais de ce que le photographe souhaite exprimer. Le noir et blanc n’est pas un domaine photographique comme le portrait, le paysage ou l’animalier, mais une approche technique et esthétique qui les concerne tous.

Jusque dans les années 50, on ne pouvait photographier qu’en noir et blanc. Pour autant, si une large partie du grand public s’est vite appropriée ce nouveau type d’image, un nombre important de photographes a fait le choix de rester fidèle à ce qu’ils ont toujours connu, le noir et blanc.

Quel est l’intérêt des photos en noir et blanc ?

En n’utilisant qu’une seule couleur (la couleur grise en l’occurrence), les différences de luminosité deviennent clairement visibles. Une visibilité qu’il est très difficile et parfois même impossible à mettre en valeur en couleur.

Lorsqu’on observe une photo noir et blanc, on inhibe une partie du potentiel de la vision humaine et, surtout, on s’éloigne de la perception “normale” des objets qui nous entoure.

Considérer la couleur comme une surcouche émotionnelle qui éloigne de l’essentiel est passablement réducteur. Il serait tout aussi erroné de réduire le noir et blanc à l’absence de couleur. Notre cerveau sait bien que l’herbe est verte ou que le ciel est bleu. Le noir et blanc peut s‘appuyer sur ces connaissances pour en jouer, ou pour les détourner.

Le passage à la photographie en couleur a d’ailleurs marqué un certain mouvement de résistance. Pour certains de ces photographes, que l’on pourrait considérer de conservateurs, cette immédiateté émotionnelle apparaissait comme vulgaire, car elle tranchait avec l’intellectualité de l’interprétation en nuances de gris.

Si la guerre des idées n’est plus aussi virulente, le noir et blanc a gardé pendant longtemps une image élitiste, où le choix de se contraindre à un rendu monochrome incarnait à la fois une démarche artistique et une limitation technique volontaire.

Avec l’avènement du numérique, un autre rapport de force s’est construit. Et la photographie noir et blanc a pris une nouvelle ampleur.

LE NUMÉRIQUE ET LA PHOTOGRAPHIE NOIR ET BLANC, LA RÉVOLUTION ATTENDUE ?

Loin d’être devenu une relique du passé, le noir et blanc a largement bénéficié de la révolution des smartphones. Accessibilité, rapidité, efficacité, chaque utilisateur a pu devenir un photographe en puissance. En donnant à des millions d’utilisateurs le goût des rendus argentiques et des monochromes, les filtres ont fait naître chez nombre d’entre eux l’envie de dépasser les stéréotypes et de rejoindre la communauté active des passionnés de noir et blanc. Les photographes des temps argentiques devaient faire avec les contraintes techniques qui leur étaient imposées. Nous vous invitons d’ailleurs à lire notre comparatif sur les pellicules noir et blanc pour en savoir plus ! Avec la photographie numérique, on a l’avantage d’avoir le choix. Cette simplicité dans la création a eu pour effet de permettre à tout un chacun de se lancer, sans contrainte ni pression, dans une pratique qui pouvait paraître élitiste. Le processus créatif reste néanmoins quelque peu différent. Après la prise de vues suit une autre étape, la conversion en nuances de gris. De ce point de vue, le numérique ne modifie pas les fondamentaux du noir et blanc, mais en simplifie l’accès grâce à des logiciels très performants. Pour créer une image noir et blanc, il suffit d’un clic sur la fonction désaturation proposée par la plupart des éditeurs d’images. On peut s’en contenter, mais pas s’en satisfaire. C’est par la présence de toutes les informations de couleur et à l’utilisation d’outils de contrôle précis que vous produirez une belle image en nuance de gris. Le mode créatif noir et blanc que l’on trouve sur les appareils photos de tous types est un piège qu’il faut éviter. S’il donne souvent des résultats instantanés et plutôt bons, vous abandonnez à l’appareil des choix d’interprétation. Vous serez limité dans vos modifications, car l’original sera déjà une version altérée.

L’IMPRESSION EN NOIR ET BLANC, UN PLAISIR SINGULIER

Que l’on soit avec une version numérisée de ses pellicules ou avec une photographie numérique, ce qui rend fondamentalement différent un tirage papier d’un affichage sur écran est la nature de la lumière.

Si l’on ne peut pas dire qu’il y a une supériorité de l’un sur l’autre, on peut tout de même considérer que la lumière réfléchie sur le papier est plus à même de s’approcher de la perception par la vision humaine.

Sur papier, l’image devient dépendante de l’éclairage extérieur. La lumière, les contrastes et les nuances de gris varient selon l’angle et la lumière ambiante.

L’immuabilité de l’image sur écran s’oppose alors à l’aspect vivant du papier (pour le meilleur et pour le pire).

Indépendamment de ce ressenti, c’est par l’impression qu’une photo prend tout son poids, toute sa teneur. Le format 20×30 cm donne une nouvelle dimension à l’image.

Il est cependant impératif d’avoir une chaîne d’impression (écran, machine, profil colorimétrique de l’appareil dans le cas du numérique) pour être certain que le rendu obtenu correspondra à ce que vous aviez sur votre écran.

En l’absence de couleurs, on pourrait penser que le tirage en noir et blanc est plus simple à réaliser. Ce n’est malheureusement pas le cas. Le premier défi est de réussir à produire un noir et blanc pur, sans dominante. Par suite, l’obtention de noirs profonds et de fins dégradés de gris sans rupture tonale nécessite là aussi un haut niveau de précision.

Les tirages couleurs requièrent en théorie les mêmes attentions, mais l’enjeu est plus lourd : un tirage qui présente des noirs délavés ou un défaut de contraste a peu de chances d’être satisfaisant.

La photographie noir et blanc est un sujet qui n’aura cessé d’évoluer depuis son apparition en 1826. Initialement perçu comme une contrainte forte, quand elle était la seule solution technique disponible, elle a su garder une place de choix au fil des progrès techniques.

Évolution des formats, apparition de la couleur, démocratisation du numérique et des smartphones, le noir et blanc est resté dans les coeurs et dans les objectifs.

La puissance de ses rendus, la recherche d’authenticité, la volonté d’être intemporel, chacun a son prétexte pour perpétuer cette manière de voir le monde et de faire de la photographie.

Et pour notre plus grand bonheur !

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